Bons et mauvais comprenants en lecture : l'apport de la Gestion Mentale

 

 

C.DELMAS

 

 

Un grand nombre d’élèves est en difficulté en lecture à l’entrée en 6e et se trouve en échec sur le plan  de la compréhension écrite.

Parmi ces élèves, un certain nombre présente des troubles d’apprentissage de la lecture qui sont pris en charge en orthophonie.

 

On se rend souvent compte que, même lorsque la lecture s’est améliorée sur le plan qualitatif et quantitatif ( leximétrie) , les troubles de la compréhension subsistent.

La psychologie cognitive s’est intéressée aux processus de traîtement de l’information ( représentation mentale) et à la synthèse de l’information (plusieurs processus cognitifs).

MAIS cela reste insuffisant car il apparaît, dès que l’on s’intéresse de près aux mécanismes qui entraînent la réussite ou l’échec de la compréhension écrite, qu’il n’existe pas un seul schéma de fonctionnement qui serait le seul processus amenant à une bonne compréhension de la lecture.

 

La Gestion Mentale s’intéresse aux stratégies individuelles , aux gestes mentaux utilisés pour comprendre ( attention, mémorisation, compréhension, réflexion , imagination ), aux formes évocatives, aux contenus de ces évocations, aux projets de sens de chacun, en fait à tout ce qui différencie un individu d’un autre pendant la réalisation d’une tâche .

 

QUELLES SONT DONC LES DIFFERENCES ET LES SIMILITUDES QUE L’ON PEUT OBSERVER CHEZ LES BONS ET LES MAUVAIS COMPRENANTS EN LECTURE , SOUS L’ANGLE DE LA GESTION MENTALE ?

 

 

LES BONS COMPRENANTS

 

-Ils sont conscients des gestes mentaux qu’ils utilisent pour comprendre et se montrent capables de s’introspecter.

 

-Ils ont un Projet adapté aux tâches demandées et à leurs habitudes mentales. 

 

-leurs évocations sont riches et balaient aussi bien le champ visuel que verbal. ( s’ils évoquent des images , ils ont recours au verbal en cas de difficulté)

 

-Il se sentent en sécurité affective

 

 

-Ils conservent le texte en mémoire afin d’en garder une trace.

 

 

-Ils confrontent leurs évocations à leurs connaissances antérieures, leur vécu, leur imagination.

 

-Ils sont capables de revenir au texte pour l’interpréter

 

-Ils montrent une mobilité mentale : liens de similitudes/différences, espace/temps

 

-Ils utilisent le P1 et le P3 

 

-Ils ont le Projet de traduire le texte au plus près et de l’interpréter ( exister à travers le texte

LES MAUVAIS COMPRENANTS

 

 

-Ils ont des difficultés à s’introspecter et à comprendre les gestes mentaux qu’ils ont utilisés.

 

-Leur Projet est peu adapté, parfois même inexistant

 

 

-leurs évocations sont pauvres et souvent limitées à un champ évocatif ( uniquement des images par exemple )

 

  L’insécurité est quasi permanente chez eux. Ils ont des pensées parasites.

 

-Ils avancent phrase après phrase sans chercher à conserver en mémoire ce qu’ils ont lu

 

-Pas de confrontation avec les connaissances ou le vécu.

 

 

-Ils n’ont pas ou peu de Projet d’interprétation.

 

-On note une certaine rigidité mentale ( peu de liens logiques ou temporo spatiaux, )

 

- Le P1 est privilégié tandis que le P3 est peu utilisé.

 

Pas de Projet de traduction du texte, ni d’interprétation.

 

 

 

 


Ces profils ne sont pas exhaustifs, ils peuvent permettre de mieux cibler le questionnement lors d'un dialogue pédagogique à la suite d'un exercice de compréhension, par exemple.

 

Que peut-on proposer à nos patients mauvais comprenants, afin de les aider à s'approprier le sens de ce qu'ils lisent ?

 

En fonction des éléments notés ci dessus, il faudrait :

 

-Aider ces patients à comprendre les gestes mentaux ( attention, mémorisation, compréhension, réflexion, imagination) , cela au moyen de petits exercices de mise en situation.

 

-Leur faire prendre conscience de leurs stratégies et habitudes mentales.

 

-Leur montrer qu'ils doivent toujours avoir un Projet adapté à la tâche demandée : verbaliser ce Projet ainsi que les stratégies que l'on pourrait utiliser pour accomplir cette tâche : Projet de traduire et interpréter le texte lu, et de le conserver en mémoire, ce qui permet de trouver une sécurité affective.

 

-leur montrer qu'ils doivent évoquer systématiquement ce qu'ils lisent, développer avec eux leurs richesses évocatives visuelles, verbales kinesthésiques, ...leur montrer qu'ils peuvent les utiliser pour prendre le sens.

 

-les entraîner à confronter leurs évocations mentales avec leurs connaissances, leur vécu, leur imagination, afin d'ancrer leur compréhension.

 

-chercher avec eux les liens logiques ( différences, similitudes, ...) et spatio temporels qui vont leur permettre de trouver le sens , non plus seulement dans des évocations de réalité en P1 mais aussi et surtout en P3.

 

-Enfin, les aider à prendre plaisir à faire exister dans leur tête les mots d'un autre et à les interpréter en s'y impliquant , en existant à travers eux...